Soeur Nathalie Becquart
12 février 2021/8 h 00 min - 30 novembre 2021/17 h 00 min
Sœur Nathalie Becquart, première femme à pouvoir voter au Synode des évêques
C’est un pas de plus, et non des moindres, dans la féminisation de la Curie voulue par le pape François. Le Vatican a annoncé samedi 6 février la nomination de deux nouveaux sous-secrétaires, équivalents de numéro 2, au Synode des évêques. Parmi eux, une religieuse française, sœur Nathalie Becquart. Fait historique : cette xavière devient, de fait, la première femme à disposer du droit de vote au Synode des évêques. Et est donc la première « mère synodale » de l’Église catholique.
Le Synode est l’instance qui permet au pape de consulter les évêques sur les sujets importants. « Lors des derniers synodes, de nombreux pères synodaux ont souligné la nécessité pour l’Église tout entière de réfléchir à la place et aux rôles des femmes en son sein », affirme le cardinal Mario Grech, le Secrétaire du Synode, dans un texte publié par Vatican News, le média officiel du Vatican. « Avec la nomination de sœur Nathalie Becquart et sa possibilité de participer avec droit de vote, une porte a été ouverte ; nous verrons quelles autres mesures pourront être prises à l’avenir », ajoute-t-il.
Religieuse et diplômée d’HEC
À 52 ans, la religieuse française connaît très bien les arcanes de l’Église catholique. Déjà nommée en 2019 parmi les consulteurs du secrétariat général du Synode des évêques, Nathalie Becquart, spécialiste d’ecclésiologie, avait également participé au synode sur les jeunes en 2018. Personnalité affirmée, cette passionnée de voile a su naviguer dans un monde très masculin, jusqu’à y prendre de hautes responsabilités.
C’est sur le terrain de la jeunesse, en particulier dans les aumôneries étudiantes, que cette religieuse diplômée d’HEC et entrée chez les xavières en 1995, a fait ses premières armes, et est devenue au fil du temps une référence majeure sur le sujet pour les évêques français. Après avoir été aumônier d’étudiants à Créteil, en région parisienne, elle a rejoint la Conférence des évêques de France pendant neuf ans, dont six comme directrice, entre 2012 et 2018, du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations. « Nathalie Becquart est hautement qualifié pour ce poste, non seulement par son parcours académique, mais également pas sa compréhension particulière de la synodalité », salue ainsi le père David McCallum, jésuite américain spécialiste de ces questions.
Un nouveau patron pour le Synode des évêques
Au-delà de la question, hautement symbolique, du droit de vote, sœur Nathalie Becquart est la première femme à occuper un poste de numéro 2 d’un dicastère, au Vatican. Elle rejoint aussi le tout petit groupe des Français exerçant un haut poste de responsabilité au sein de la Curie romaine, avec le cardinal Dominique Mamberti (Signature apostolique), Mgr Bruno-Marie Duffé (Développement intégral), Mgr Maurice Monier (Rote romaine) et Mgr Joël Mercier (Clergé).
Avec le père Luis Marin de San Martin, un prêtre espagnol également nommé sous-secrétaire, la religieuse française rejoint, de fait, un dicastère stratégique aux yeux du pape François. « Forgé dans l’atmosphère du Concile Vatican II », comme l’écrit Mgr Dominique Le Tourneau dans le Dictionnaire historique de la papauté, le Synode des évêques est un organe dans lequel le pape réunit régulièrement, depuis la fin des années 1960, les représentants de l’épiscopat pour débattre de questions particulièrement importantes.
Un synode… sur la synodalité prévu en 2022
Mais cet organe a pris une nouvelle ampleur récemment, sous l’impulsion de François, convaincu depuis son élection qu’il faut modifier en profondeur les modes de prise de décision dans l’Église. Il a, depuis, multiplié l’organisation de telles réunions d’évêques en 2014-2015 sur la famille, en 2018 sur les jeunes et en 2019 sur l’Amazonie. Et le pape prévoit de pousser encore plus loin la réflexion en octobre 2022, avec un synode ayant cette fois pour but de travailler sur les méthodes même de décision au sein de l’Église : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission. »
Ces dernières années, modifiant les règles du synode, le pape avait notamment supprimé l’obligation que les membres du Synode ayant le droit de vote soient au moins prêtres, ce qui ouvrait donc la possibilité d’y intégrer des femmes. Mais la pratique n’avait pas changé : les représentants des religieux étaient pères synodaux de plein droit, y compris s’ils n’étaient pas prêtres, tandis que les religieuses étaient auditrices, sans droit de vote. Pour le père McCallum, il faut donc lire dans la nomination de Nathalie Becquart un « signe important de l’ouverture croissante à la voix des femmes dans la gouvernance de l’Église ».