HOMÉLIE TOUSSAINT (Célébration Après-Midi) Séné – 2020.
30 octobre 2020/8 h 00 min - 2 novembre 2020/17 h 00 min
HOMELIE TOUSSAINT (Célébration Après-Midi) Séné – 2020.
En cet après-midi de la Toussaint, frères et sœurs, nous sommes rassemblés dans notre église, dans le souvenir de nos chers disparus. Tout à l’heure, nous irons nous recueillir sur leurs tombes. Ces jours-ci, les uns et les autres, nous irons sans doute en pèlerinage dans d’autres cimetières.
Démarche empreinte de recueillement qui nous renvoie à des interrogations, à des questions essentielles de notre existence. Quel est le sens de la vie, de notre vie, quelle est notre destinée ?
En ce moment de prière, je vous invite à réfléchir sur la phrase que nous proclamons chaque dimanche dans notre credo : « Je crois à la résurrection de la chair. » Réflexion d’autant plus nécessaire que beaucoup de chrétiens, à l’heure actuelle, se laissent séduire par l’idée de ré-incarnation.
Pour comprendre la résurrection de la chair, il convient de s’arrêter sur la résurrection du Christ Jésus, l’innocent, l’homme sans péché qui accepte de subir l’épreuve de l’agonie et de connaître le scandale de la mort. La mort de Jésus est une œuvre de vie : il est mort pour nous donner la vie. Jésus a remis toute sa vie entre les mains du Père et le Père ressuscite le Fils en lui donnant cette vie nouvelle, de manière définitive, pour le salut de tous les hommes.
Une précision s’impose : Jésus, en ressuscitant, n’est pas revenu à son état de vie antérieure, l’évangile nous dit que le mode de manifestation à ses disciples est tout autre qu’avant : c’est une manifestation soudaine, gratuite qui échappe aux lois de l’espace et du temps. L’expérience pascale des apôtres nous révèle que Jésus est parvenu en Dieu, à une vie nouvelle et définitive avec son humanité, c’est à dire, avec son corps mortel.
La résurrection du Fils par le Père rejaillit sur chaque homme, autrement dit, la résurrection de Jésus aboutit à notre propre résurrection, mais alors, une nouvelle question surgit : « Comment les morts ressuscitent ? avec quel corps vivent-ils ? »
Paul répond en faisant une comparaison, et sa réponse consiste à dire que la disproportion entre le corps actuel et le corps ressuscité est infiniment plus grande que celle qui existe entre la semence et l’arbre. Les moyens que Dieu prendra pour la résurrection des corps nous échappent totalement, mais nous croyons que Celui qui a la puissance de la création a aussi la puissance de la re-création, de la ré-surrection.
L’annonce de la résurrection des corps nous révèle que l’homme sera sauvé dans tout ce qui fait sa vie concrète : sa vie de relations avec les autres, avec Dieu, ses activités, son histoire… c’est à dire qu’il y aura, dans cette vie nouvelle de ressuscité, à la fois une continuité et une discontinuité qui nous fera passer à la condition nouvelle de corps spirituel et glorieux.
En disant cela, on voit tout de suite que la doctrine de la ré-incarnation est incompatible avec celle de la résurrection : la ré-incarnation n’accepte pas la personne humaine comme sujet unique et irremplaçable. La résurrection affirme que la valeur absolue et sacrée de la personne se vit dans une existence unique et est appelée au salut dans sa totalité, y compris avec son corps.
La résurrection de la chair est une affirmation de foi, liée à la résurrection du Christ, qui concerne toute la personne humaine, l’homme tout entier avec son corps, c’est à dire, avec son existence marquée par les joies, les bonheurs, les échecs et les épreuves. Autrement dit, nous n’avons pas à choisir entre l’ici-bas et l’au-delà, puisque l’un et l’autre vont ensemble: oui, notre existence humaine a du prix aux yeux de Dieu, notre vie terrestre a un poids d’éternité, ce qui fait que chaque homme et chacun de nous est appelé, après la mort, à la vie, à la vie nouvelle, éternelle, définitive, en Dieu.
Cette conviction nous donne une espérance extraordinaire, non seulement pour notre vie actuelle et notre destinée future, mais aussi pour tous ceux qui nous ont précédés, spécialement ceux que nous avons connus et aimés. Cette espérance nous amène à croire en cette vie nouvelle en Dieu, ici et maintenant, et nous incite à choisir en toutes occasions la vie.
La résurrection du Christ, notre propre résurrection sont des invitations à choisir la vie et à regarder la vie avec un « parti-pris » d’espérance, ce malgré les guerres, les violences, l’exclusion, le non-sens, l’intolérable.
En cette fête de la Toussaint, où nous célébrons tous ceux qui nous ont précédés sur terre et qui nous précèdent actuellement chez Dieu, en ce moment de prière pour tous nos morts, nous sommes invités à l’espérance et à prendre au sérieux notre existence humaine parce qu’elle s’achève et s’accomplit en vie éternelle.
A la suite de tous les saints, nos frères, nos aînés dans la Foi, et comme eux, nous disons et nous proclamons :
« Oui, Seigneur, je crois à la résurrection des morts et à la vie éternelle ».
Père Bernard PLISSON