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FETE de la TOUSSAINT –Séné 2020.

Les Saints ont pris au sérieux les béatitudes, ils sont des hommes et des femmes qui ont eu les pieds sur terre, et les yeux levés vers l’horizon.

Oui, ils ont eu les pieds sur terre ceux que nos fêtons aujourd’hui : Vincent de Paul au milieu des pauvres, François Xavier au milieu de populations étrangères, Benoît, Bernard, Thérèse d’Avila, François d’Assise, au milieu des bâtisseurs de monastères et de communautés, Thérèse de Lisieux et Bernadette Soubirous au milieu des petits et des faibles, et plus près de nous, nous les avons connus et approchés : Jean-Paul 2, Mère Thérèsa……

Et puis il y a tous les saints inconnus que l’Eglise rassemble en ce jour comme on rassemble les fleurs pour en faire un bouquet : ils ont eu les pieds sur terre ces pères et mères de famille qui se sont usés le cœur à leur métier de parents. Ils ont eu les pieds sur terre tous ces chercheurs qui ont mis leur compétence au service de l’homme. Ils ont eu les pieds sur terre tous ces militants qui ont cherché à défendre les droits de l’homme avant même qu’ils ne soient déclarés. Ils ont eu les pieds sur terre tous ces enseignants, ces soignants, et ces hommes et femmes aux tâches très humbles vécues par amour de leurs frères.

Je suis sûr que vous en connaissez, et que vous les reconnaissez au milieu de l’immense foule dont parlait Saint Jean tout à l’heure dans sa vision : « foule immense que nul ne pouvait dénombrer, foule de toutes nations, races, peuples et langue … qui se tenait debout ».

Oui, ils sont saints parce qu’ils ont eu les pieds sur terre comme les ont ceux dont parle Jésus dans les béatitudes :

Les pauvres de cœur sont ceux qui attendent, leur attitude est active, ils ne sont pas comme ceux qui n’attendent plus rien.

Les doux sont ceux qui réagissent contre toutes les formes de violence, leur douceur désarme les violents.

Les endeuillés (ceux qui pleurent) étaient au temps de Jésus les exilés qui guettaient le retour sur leur terre. Espérer est bien une action.

Les affamés et assoiffés de justice, et les persécutés pour cette même justice, ne sont pas des résignés, mais des combattants.

Les miséricordieux sont ceux qui font une démarche et qui tendent la main pour pardonner.

Les cœurs purs sont ceux qui essaient d’ajuster leur vie à leurs convictions. Leur cohérence les fait agir.

Les artisans de paix sont ceux qui ne se contentent pas de belles paroles rassurantes, mais qui mettent tout en œuvre pour que la Paix devienne réalité.

Les persécutés au nom du Christ sont ceux qui témoignent, et que personne n’empêchera d’affirmer leur foi.

Vous voyez, les béatitudes ne sont pas un ensemble de recettes pour que nous soyons bien gentils, et pour que nous connaissions un bonheur facile sinon pour aujourd’hui, du moins pour l’au-delà. Non, le bonheur dont parle Jésus est un bonheur obtenu au cours et au bout d’une marche. C’est ce bonheur que Jésus lui-même a connu, car Jésus fut l’homme des béatitudes avant d’en être le prédicateur. Les bienheureux ont les pieds sur terre, et ceux qui les ont vécues, sont déclarés saints, et c’est eux que nous fêtons aujourd’hui.

Si les saints ont eu les pieds sur terre, ils ont eu en même temps, je dis bien, en même temps les yeux levés vers l’horizon.

En cela les saint ont été et demeurent des prophètes. Le prophète n’est pas quelqu’un qui prédit l’avenir, il n’aurait alors que les yeux levés vers l’horizon. Non, le prophète est celui qui, les pieds sur terre, au milieu de ses frères, et vivant avec eux l’aventure humaine, perçoit déjà dans l’aujourd’hui les germes d’un avenir meilleur.

La seconde partie de chaque béatitude nous fait bien lever les yeux vers l’horizon, vers ce que Jésus appelle : « Le Royaume des cieux, la Terre promise, la miséricorde, la récompense dans les cieux ».

Mais avez-vous remarqué que l’horizon promis par Jésus est au présent dans deux des béatitudes ?

« Heureux les pauvres de cœur, le Royaume est à eux…

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le Royaume des cieux est à eux. »

Les saints n’ont pas été seulement des hommes et des femmes d’un avenir meilleur ; les pieds sur terre ils ont déjà connu un certain bonheur, même si ce bonheur n’était pas bien sûr total et plénier.

Frères et sœurs, voulez-vous que nous levions les yeux, tout en gardant les pieds sur terre ? La sainteté nous est donnée si nous savons trouver le bonheur promis par le Christ, dans la réalisation de notre métier d’homme et de femme. Aucune situation humaine ne fait déserter du Royaume, sinon toute situation qui empêche d’aimer ou d’être aimé.

Soyons des prophètes, frères et sœurs, les pieds sur terre, et les yeux levés vers l’horizon, et nous comprendrons et ferons comprendre la parole de l’apôtre Paul que bien des saints ont dû méditer : «  ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi ». 1 Cor 1/27

Les béatitudes sont peut être folie, mais c’est le chemin que Jésus-Christ a choisi comme itinéraire du bonheur, et c’est ce chemin qu’il nous propose.

Père Bernard PLISSON.