On connaît peu de choses historiques sur le premier évêque de Vannes. Un texte hagiographique (c’est-à-dire une biographie du saint) du XIe ou du début du XIIe siècle, la Vita Paterni a cherché à combler les lacunes autour de son histoire, le confondant avec deux autres saints : saint Patern d’Avranches (appelé aussi saint Pair ou saint Pern) qui vécut au VIe siècle et un saint Gallois, saint Padarn, qui vécut lui aussi au VIe siècle. Aussi raconte-telle que Patern, Breton d’Armorique, émigra en Bretagne insulaire, au Pays de Galles, pour y fonder un monastère : « Lhan-Paderne-Vaur », le monastère du grand Patern. Il bâtit d’autres monastère au Pays de Galles et convertit des rois en Irlande. Au cours d’un pèlerinage en Terre Sainte, il reçoit la consécration épiscopale à Jérusalem. De retour en Armorique, le roi Caradoc lui confie, L’évêché de Vannes. Il s’y lia d’amitié avec son voisin, saint Samson, évêque de Dol. En butte aux calomnies et aux dissensions, il s’exila de son diocèse et mourut en pays franc.
D’un point de vue historique, nous savons que vers 465 un concile s’est tenu à Vannes réunissant les évêques de la province de Tours. Le but de ce concile était de déterminer les limites géographiques du nouveau diocèse de Vannes et de consacrer son premier évêque, Patern. Son nom nous indique qu’il n’était pas Breton mais Gallo-Romain.
Son ministère épiscopal ne fut pas aisé car il dut faire face à deux visions de la foi chrétienne : celle d’un christianisme local, décentralisé, de tradition celte, plutôt rural et celle d’un christianisme davantage centralisé, urbain et de tradition gallo-romaine. À cela s’aouta le commencement d’une immigration des Bretons insulaires (ceux de Grande-Bretagne actuelle) chassés par les Angles et les Saxons. Néanmoins, Patern sut être un artisan d’unité, même si les populations dont il avait la charge ne le comprirent pas. En raison de ces dissensions très vives dans le jeune diocèse de Vannes, il démissionna et se retira dans un ermitage ou il mourut un 15 avril.
Au VIe siècle, une sécheresse entraîna une famine dans le pays de Vannes. Les Vannetais se souvinrent alors de Patern et imputèrent ce fléau à une punition divine, pour avoir maltraité leur premier évêque. Ils l’invoquèrent et leurs prières furent exaucées : la pluie tomba. En reconnaissance, un riche citoyen de la ville fit don d’une terre dans les faubourgs de la ville, sur la colline de Boismoreau pour accueillir le corps de l’ancien pasteur exilé. C’est le lieu de l’église Saint-Patern à Vannes, La translation de ses reliques eut lieu un 21 mai, date désormais retenue dans notre diocèse pour le fêter.
Et pourquoi notre paroisse l’a-t-elle comme patron ?’
Tout simplement parce que, dans le contexte de développement démographique du XIIIe siècle, la paroisse Saint-Patern des Champs de Vannes devenait trop importante. Elle fut alors démembrée donnant naissance, au tournant du XIIIe et du XIVe siècle, à notre paroisse de Séné. Détachée de Saint-Patern de Vannes, elle en a gardé le saint patron.
Source : Bulletin paroissial Le Sinagot n°437 – juillet 2023