Qui d’entre nous n’a pas gardé un objet apparemment quelconque, ayant appartenu à un être cher désormais mort ? Regarder cet objet qui parfois est sans valeur nous renvoie au souvenir de cette personne. Ce n’est pas tant l’objet qui est important que la personne qu’il évoque. Et cela est vrai dans les familles, même si nous n’avons pas connu la personne en question ; il y a ainsi dans l’oratoire du presbytère une icône de saint Georges qui a appartenu à mon grand-père. Lorsque je la vois, certes je prie saint Georges, mais ma pensée va vers mon grand-père, alors que je ne l’ai pas connu. Voilà une attitude tout humaine : nous pouvons avoir besoin d’objets concrets pour tourner notre pensée vers quelqu’un qui nous est cher. Le sens des reliques tient de ce besoin de concret pour notre nature humaine.
Le terme « reliques » signifie « reste » : c’est ce qui reste des saints et des martyrs, que ce soient des parties de leur corps, des objets leur ayant appartenus ou encore des instruments de leur supplice.
Les reliques ne sont pas l’objet d’adoration (comme on adore le Saint-Sacrement qui est la présence même de Jésus) mais de vénération : elles ont pour but d’orienter les fidèles, à travers la personne même du saint, vers Dieu lui-même. Déjà au Ve siècle, saint Jérôme précisait (lettre 109) : nous honorons les reliques des martyrs afin d’adorer Celui dont ils ont été les martyrs. Nous n’adorons pas le saint mais nous reconnaissons que, dans sa vie, l’œuvre de Dieu s’est déployée ; en outre, nous demandons à Dieu, par l’intercession de ce même saint, de faire de nous de vrais témoins de l’Évangile.
La vénération des reliques est un acte de foi, afin de répondre à cet appel de saint Paul : Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. (Rm 12, 1) Voilà pourquoi le prêtre, au début de chaque eucharistie, embrasse l’autel dans lequel ont été scellées des reliques : afin que lui-même et toute l’assemblée soient capable de vivre (pendant l’Eucharistie et durant toute leur vie) une existence qui plaise à Dieu, comme le saint vénéré dans ces reliques.
Abbé Georges-Henri PÉRÈS
Le Sinagot n°444 – Septembre-Octobre 2024